Marie Pavlenko - Je suis ton soleil

Marie Pavlenko - Je suis ton soleil

Interview de Marie Pavlenko autour de son ouvrage Je suis ton soleil.

Racontez-nous la genèse de ce roman...

« J'ai commencé à esquisser le personnage de Déborah il y a environ dix ans. À l'époque, je travaillais notamment pour le magazine Muteen, où j'étais spécialisée dans les micros-trottoirs. J'interviewais à brûle-pourpoint des jeunes femmes, et la première version de Déborah est née de ces rencontres inopinées, souvent foutraques et touchantes. J'ai failli travailler avec une maison d'édition germanopratine, mais elle a été rachetée et a renoncé au projet. De mon côté, j'ai remisé ce début dans un tiroir. Je l'ai ressorti il y a trois ans, suite à un rendez-vous. Une de mes amies éditrice en a lu les premières pages et m'a dit : « ça ne va pas, tu fais de l'humour pour de l'humour, tu noies ton propos, on ne voit pas où tu veux en venir ». J'étais vexée comme un pou mais je lui faisais confiance. Je me suis donc interrogée : qu'est-ce que je voulais dire ? Qui était Déborah ? Quel était son chemin ? Et puis, ma mère a eu un terrible accident de voiture, dont elle est ressortie meurtrie, et j'ai trouvé. Je voulais raconter l'histoire d'une fille et de sa mère, exprimer ce lien unique et si complexe, le tresser, le mettre à nu. Brusquement, j'ai trouvé la voix de Déborah, et elle venue au monde ».

 

Pouvez-vous nous parler de ce personnage, justement ?

« Déborah a 18 ans. Elle est attentionnée, fantasque malgré elle, à la fois bourrée d'énergie lumineuse et d'engouement pour la noirceur. Mais ce qui la caractérise vraiment, c'est son humour. Elle a une façon bien à elle de voir et de dire le monde, elle invente, contourne, mêle fantasme et réalité. Son amour de la langue et des mots fait jaillir un vocabulaire très personnel, qui permet de décrire et de déshabiller le réel. Elle est à la fois mâture, fragile, et naïve. Elle est une sinusoïde ; elle est, j'espère, unique et universelle. »

 

Que représentent l’écriture et la lecture dans votre vie ?

« Je lis du plus loin que je m'en souvienne. J'ai grandi grâce à Colmont, Dahl, Tolkien, Wul. Chaque livre est un compagnon qui travestit la réalité pour mieux la révéler. Pour moi, il n'y a pas de vrai ou de faux. Ce qui existe dans un livre est vrai et tangible. La lecture est une richesse, une chance, un univers. Lorsque je travaille, je n'écris pas de plan, et je ne sais jamais au moment de débuter un roman comment il se terminera. Cet exercice d'équilibriste m'oblige à vivre pendant plusieurs mois en étroite cohabitation avec mon histoire, avec mes personnages, à plonger avec eux. Je suis happée et consentante. C'est le seul moyen de savoir ce qui va leur arriver. L'écriture est une immersion magique et intense, qui nécessite un lâcher-prise total et m'aide à vivre.»

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