L'interview d'Anne-Marie Desplat-Duc

L'interview d'Anne-Marie Desplat-Duc

Anne-Marie Desplat-Duc nous parle de son travail d'écriture sur Les Colombes du Roi Soleil.

Louise, Charlotte, Hortense, Isabeau… ont-elles vraiment existé ?

J'ai trouvé les noms de mes héroïnes dans la liste des demoiselles de Saint-Cyr inscrites dans le livre publié par les archives départementales des Yvelines à l'occasion de l'exposition qui eut lieu à Versailles en 1999. Parfois, j'ai pris
la liberté de changer les prénoms. Louise de Maisonblanche a vraiment existé !
Elle a été baptisée et mariée sous un faux nom pour qu'on ne puisse pas connaître ses véritables parents. Elle a été élevée dans la Maison Royale d'Éducation de Saint-Cyr. En 1696, elle a épousé Bernard de Prez, chevalier, seigneur de La Queue (actuellement village des Yvelines) et lieutenant de cavalerie à Paris. Elle a eu onze enfants.

Vous êtes-vous inspirée de faits réels ?

Oui, la plupart du temps. Ainsi dans Le secret de Louise, la reine d'Angleterre
est bien venue vivre à Saint-Germain-en Laye. Dans Charlotte la rebelle, le voyage
au Siam du Chevalier de Forbin a bien eu lieu. Dans La promesse d'Hortense je me suis inspirée du journal d'une huguenote partie s'exiler en Suisse. Et dans Le rêve d'Isabeau je raconte la tentative d'empoisonnement d'une maîtresse qui a effectivement eu lieu dans la Maison royale d'Education.
Ainsi, dans le manuscrit conservé à la bibliothèque de Versailles « mémoire de ce qui s'est passé de plus remarquable dans la maison de Saint-Louis à Saint-Cyr », rédigé par plusieurs supérieures de l'institution, il est fait une mention très discrète
de la tentative d'empoisonnement d'une maîtresse… encore faut-il lire entre les lignes. Par contre, la sanction est bien notifiée : trois filles furent chassées…

Mais j'aime mêler la fiction et le réel, et si les personnages historiques ont bien existé, j'ai imaginé leurs sentiments ou des situations qu'ils n'ont pas toujours vécues.

Êtes-vous attachée à un personnage en particulier ? Pourquoi ?

J'aime tous mes personnages, sinon il me serait impossible d'écrire sur eux.
Chaque fois que je commence un roman je m'attache à mon héroïne, je vibre avec elle. Mais j'éprouve cela pour chacune de mes Colombes. Et après tout, c'est au lecteur de faire son choix. Pour moi, c'est impossible !

Les Colombes ont toutes des personnalités et des caractères très différents.
Où trouvez-vous votre inspiration ?

Je suis incapable de répondre à cette question ! Parce que, sincèrement, je ne sais pas expliquer d'où vient l'inspiration. En fait, j'ai souvent une idée d'aventure
ou de situation, et je cherche quelle Colombe serait le plus à l'aise dans le roman… Tout cela est finalement assez mystérieux.

Au fil des pages vous faites renaître de nombreux monuments historiques comme
le château de Saint-Germain-en-Laye, le Trianon ou le château de Marly. Avez-vous eu l'occasion de visiter tous ces lieux ? Comment vous documentez-vous ?

J'ai visité la plupart des lieux que je décris, et bien sûr, Versailles, Le Trianon, Saint-Germain, Marly (qui n'a plus de château !), Fontainebleau,… Il m'en reste d'autres à découvrir et je m'en réjouis. En ce qui concerne la documentation, je me ruine en livres ! Et bien sûr je vais dans les bibliothèques et sur internet. J'adore fouiller, chercher, découvrir des anecdotes… J'y passe un temps fou mais c'est
un réel plaisir, presque aussi important que l'écriture.

Est-il facile d'adopter le ton, le vocabulaire de l'époque ?

Ce ton vient presque naturellement après avoir lu des journaux, des mémoires,
des romans écrits au 17ème siècle. J'aime émailler mes romans de mots
ou d'expressions de cette époque. Il me semble que c'est un bon moyen pour que
le lecteur se sente transporté à cette époque… Et cela montre aussi l'évolution
de notre langue.

Avez-vous des moments préférés pour écrire ?

Je préfère écrire le matin, l'esprit est plus « frais ». Mais si une bonne idée
me vient à l'esprit dans l'après-midi, je l'écris ! En fait, lorsque « je suis
dans un roman », je vis avec mes personnages, je pense constamment à eux, à ce qu'ils vont faire ou ne pas faire, et ainsi je n'ai plus vraiment d'heure pour écrire.

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